Le nombre de divorces a bondi de 345 % en trente ans. Les 18-65 ans sont les plus concernés et les personnes plus âgées le sont de plus en plus.

Divorces à l’italienne. Depuis 1991, leur nombre a bondi de 345 %, avec une véritable épidémie pour les plus de 80 ans avec une hausse de… 1.000 %. Si en 1991 l’institut italien de statistiques (Istat) avait enregistré plus de 375.000 divorces, aujourd’hui il en comptabilise 1,6 million. Bien sûr, les classes d’âge les plus concernées sont celles comprises entre 18 et 65 ans – avec près de 80 % des divorcés. Mais le nombre des divorces de 65-79 ans a presque doublé, passant de 12 % en 1991 à 22 % en 2018. Sans oublier ceux des plus de 80 ans, qui ont triplé au cours du dernier quart de siècle.

La « faute » est à rechercher auprès de l’évolution des moeurs, du relâchement de l’emprise de l’Eglise sur la société, mais aussi des réseaux sociaux. « Ils ont sans aucun doute énormément favorisé les adultères en particulier ces cinq dernières années, affirme l’avocat Lorenzo Puglisi, président et fondateur de l’association Familylegal. Ils ont considérablement permis le flirt avec le téléphone portable. » D’après ses chiffres, rien qu’à Milan, 45 % des mariages se sont brisés sur la découverte d’une trahison sur Facebook, Instagram, Tinder ou WhatsApp.

Cour de cassation

Mais si le flirt demeure circonscrit à un écran d’ordinateur ou de smartphone, peut-il être considéré comme une cause valable de séparation ? Une question d’autant plus importante que la Cour de cassation italienne, dans le cadre d’une récente décision, a rappelé la gravité de l’adultère à moins que le conjoint ne puisse démontrer que la relation conjugale était en crise depuis longtemps. De quoi obtenir des « circonstances atténuantes » lors du procès de divorce.

Evidemment, le problème ne se pose que pour les conjoints unis par les liens du mariage et non par ceux de l’union civile, la très récente version italienne du mariage pour tous. Dans ce dernier cas, l’adultère n’est pas pris en considération par la loi.

« Adultères platoniques »

La question se complique encore un peu plus si l’on évoque l’ouverture, ce mois-ci à Turin, de la première maison close dans laquelle les « professionnelles » sont des poupées gonflables. S’agit-il dans ce cas d’adultère ? La réflexion est ouverte, tout comme, d’ailleurs, l’évolution du concept de fidélité.

La Cour de cassation a déjà entrepris la sienne concernant les « adultères platoniques » sur les réseaux sociaux. La juridiction prend tout à fait au sérieux le flirt télématique dans le cadre des procès car, souligne-t-elle, « ils portent atteinte à la dignité et à l’honneur du conjoint et lèsent le principe de confiance et de solidarité ».

OLIVIER TOSSERI

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