Un quart des effets thérapeutiques des antidépresseurs est attribué à la rémission spontanée, un autre quart au principe actif, et le reste, c’est-à-dire la moitié des bénéfices, résulte de l’effet placebo. Ce n’est bien sûr pas un poisson d’avril !!

Au plan pratique, l’effet placebo constitue la bête noire des firmes pharmaceutiques, car lors d’un essai clinique, souvent très coûteux et démarrant après une phase de développement également coûteuse, l’enjeu n’est pas tant de déterminer si un médicament marche que de savoir combien il sera supérieur à un simple comprimé d’amidon ! Par exemple, on estime qu’un quart des effets thérapeutiques des antidépresseurs est attribué à la rémission spontanée, un autre quart au principe actif, et le reste, c’est-à-dire la moitié des bénéfices, résulte de l’effet placebo.

Au plan pratique, l’effet placebo constitue la bête noire des firmes pharmaceutiques, car lors d’un essai clinique, souvent très coûteux et démarrant après une phase de développement également coûteuse, l’enjeu n’est pas tant de déterminer si un médicament marche que de savoir combien il sera supérieur à un simple comprimé d’amidon ! Par exemple, on estime qu’un quart des effets thérapeutiques des antidépresseurs est attribué à la rémission spontanée, un autre quart au principe actif, et le reste, c’est-à-dire la moitié des bénéfices, résulte de l’effet placebo.

Un véritable atout

Mais comment agit un placebo et y sommes-nous tous également sensibles ? Les études qui illustrent le mieux l’action du placebo sont celles qui démontrent son pouvoir antalgique, mais selon Ted Kaptchuk, de l’université Harvard (Massachusetts), le placebo est aussi un véritable atout dans le traitement de bon nombre d’affections neurologiques ou psychiatriques.

On sait que l’effet placebo est lié à l’activation des récepteurs aux opiacés endogènes, qui ont des propriétés analgésiques et procurent des sensations de bien-être. La libération de dopamine cérébrale, cette substance liée à la récompense et à l’anticipation du plaisir, serait l’autre clé pour comprendre l’influence du placebo. L’action de ces deux neuromodulateurs se traduit par une amélioration de l’humeur et de la confiance, créant ainsi un terrain favorable au processus de guérison.

Croire c’est pouvoir, mais la force de cette confiance dans une amélioration future dépend de la personnalité de l’individu et, dans une certaine mesure, de son bagage génétique. Une personnalité motivée, résiliente, dotée d’une bonne estime de soi et recherchant la nouveauté serait particulièrement susceptible de répondre au placebo. Cet effet semble également plus fort chez les individus présentant une variante particulière du gène codant pour la fabrication de l’enzyme catechol-O-methyltransferase (COMT). Chez les individus concernés, la dégradation de la dopamine par cette enzyme est plus lente, prolongeant ainsi son action.

En utilisant la tomographie à émission de positrons, une technique d’imagerie moléculaire, le groupe de Jon-Kar Zubieta de l’université du Michigan a d’ailleurs montré que chez les sujets sensibles à l’effet placebo, il existe une forte corrélation entre la réponse du noyau accumbens (une structure cérébrale) à une récompense monétaire – une méthode indirecte permettant de révéler l’activité dopaminergique –, et la quantité de dopamine effectivement libérée pendant un test de sensibilité à la douleur après administration d’un placebo. D’autres mécanismes restent encore à mettre au jour, mais peut-être pouvons-nous déjà avancer l’hypothèse d’une piste chimique suivie, depuis un siècle et demi, par les pèlerins de Lourdes, sur les pas de Bernadette Soubirou.

Angela Sirigu

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