La Conférence des grandes écoles (CGE) vient de publier son baromètre sur l’égalité femmes-hommes. Derrière les chiffres encourageants, les inégalités persistent.

Des « bastions virilistes », un « creuset du sexisme ». Voilà comment le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) qualifiait il y a un an les grandes écoles, perçues comme des portes d’entrée vers le sexisme en entreprise .

Pour mieux comprendre l’état des inégalités femmes-hommes à l’oeuvre au sein des grandes écoles, nous vous proposons de revenir sur cinq chiffres établis par le sixième baromètre de la Conférence des Grandes écoles (CGE), suite aux réponses de 77 grandes écoles, récoltées entre juillet et novembre 2020.

La proportion d’étudiantes en écoles d’ingénieur a atteint 33 %…

… mais 9 écoles d’ingénieurs sur 10 sont non-mixtes.

Hourra, les écoles d’ingénieurs se féminisent ! Les femmes ne représentaient que 24 % de leurs étudiants en 2015, contre 33 % aujourd’hui. En revanche, on est encore loin de la parité parfaite des écoles de management, qui sont à 100 % mixtes. « La mixité est établie lorsque la répartition femmes hommes se situe entre 40% et 60% », précise l’étude.

Les écoles d’ingénieurs se distinguent en fait par une très grande disparité en matière de féminisation. Les filières proposées expliquent souvent qu’ une école comme l’EBI (Biologie Industrielle) compte, par exemple, 80% de femmes, alors que les écoles d’informatiques en comptent en moyenne moins de 20%. Les mauvaises élèves parmi les écoles d’ingénieurs n’ont dans leur rang d’étudiants qu’une femme sur dix, sans que l’étude ne mentionne le nom des écoles en question. En bachelor ingénieur, le taux de féminisation descend également à 10 %.

Les femmes représentent 50 % du personnel des grandes écoles…

… mais elles restent minoritaires dans les instances dirigeantes.

Les femmes sont bien présentes parmi les salariés des grandes écoles. 85 % des écoles de commerce sont même non-mixtes… à la défaveur des hommes ! Mais en moyenne, seul un tiers des membres des conseils d’administration (33,3 %) de ces établissements sont des femmes. Même constat pour les comités exécutifs (31 %) et les comités de direction (37,6 %). Quant aux comités pédagogiques, la proportion augmente mais ne dépasse pas les 40 %.

100 % des grandes écoles ont un.e référent.e égalité femmes hommes…

… mais un tiers de ces référents n’ont pas de temps pour s’en occuper.

La nécessité pour les écoles de nommer officiellement un ou plusieurs référents égalité femmes-hommes ne fait désormais plus débat. Mais dans la pratique, ces référents sont majoritairement seuls à se voir dédier ces questions-là, et doivent presque tous cumuler d’autres tâches par ailleurs. Résultat : 32 % de ces référents n’ont pas les ressources nécessaires à la réalisation des missions en lien avec l’égalité femmes-hommes.

Attention, il ne faut pas confondre les référents égalité avec les personnes en charge des situations de harcèlement sexuel ou de comportements sexistes, dont seules 66 % des écoles sont dotées.

47 % des grandes écoles ont formalisé une stratégie pour l’égalité femmes-hommes…

… mais seul un tiers d’entre elles mesurent l’impact de cette stratégie.

Bonne nouvelle, de plus en plus d’établissements communiquent autour d’une stratégie en faveur de l’égalité femmes-hommes. Ils n’étaient ainsi que 34 % à le faire en 2019, contre 47 % aujourd’hui. En revanche, seul un établissement sur quatre a établi un véritable plan d’action à un, trois ou cinq ans, et un établissement sur trois mesure l’impact des actions en place. Les raisons avancées sont le manque de temps, une stratégie qui doit encore être finalisée, et la priorité donnée à l’action.

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65 % des associations étudiantes mènent des actions en faveur de l’égalité femmes-hommes…

… mais les écoles demandent encore peu d’engagement de leur part.

Les associations étudiantes s’engagent de plus en plus en faveur de l’égalité femmes-hommes : elles n’étaient que 48 % à mener des actions en ce sens en 2019. En moyenne, les Bureaux des Sports et les Junior-Entreprises, ces associations de conseil professionnalisantes, rassemblent à majorité des hommes (respectivement 37 % et 41 % de femmes). Près de la moitié des établissements n’ont pas de charte qui engage les associations, et seuls 70 % de ces chartes abordent l’égalité femmes-hommes.

Ariane Blanchet

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