Vive le « Trumpthon » ! Avec l’arrivée de Rex Tillerson,  patron d’Exxon Mobil depuis dix ans, le cumul des fortunes des futurs membres du gouvernement Trump franchit la barre des 15 milliards de dollars.

Donald Trump aura perdu ses accents populistes encore plus vite que « My Fair Lady » avait perdu son parler faubourien. Le voilà qui confie le secrétariat d’Etat à un des premiers businessmen de la planète :  « Il sera un avocat ferme des intérêts nationaux vitaux de l’Amérique. » Ce qui est bon pour Exxon est bon pour les Etats-Unis ? En tous cas, ça l’est pour la Russie et pour la politique prorusse qu’entend mener le président élu. Tillerson connaît très bien Poutine depuis que, du temps d’Eltsine, il représenta les intérêts de son groupe en Russie. Récemment, son ami Vladimir le décora de l’Ordre de l’amitié. Entré chez Exxon en 1975, l’ingénieur texan connaît mieux la diplomatie pétrolière que la diplomatie tout court. On peut craindre qu’il se limite donc à la première. Le chiffre d’affaires annuel d’Exxon est proche de 400 milliards, le groupe travaille dans 50 pays, négocie avec tous les gouvernements du monde, Tillerson aura du mal à oublier son ancienne casquette. L’ex-financeur de Jeb Bush n’est pas toujours d’accord avec son futur patron. Ce passionné du scoutisme soutint la COP21, pas Trump. Cela n’en fait pas un écolo acharné, il résista à une fronde des héritiers Rockefeller qui voulaient impliquer davantage Exxon dans les énergies renouvelables. Sa nomination tombe bien. A 64 ans, il s’apprêtait l’an prochain à avoir du temps libre et couler une retraite heureuse muni de quelque 300 millions de dollars en guise de parachute doré. Huiles essentielles.

SABINE DELANGLADE

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