C’était annoncé, c’est fait.
Le superordinateur de Google remporte la première manche face au maître du go.
Après une rencontre de trois heures et demie, le meilleur joueur mondial de go s’est incliné face au programme de « deep learning » développé par Google Deepmind. Le duel en cinq manches durera jusqu’à mardi prochain.
Machine 1, humain 0. La première partie opposant Alphago, le système d’intelligence artificielle développé par Google Deepmind, et le champion mondial de go Lee Se-Dol s’est terminée par une défaite du joueur humain. La rencontre, qui se déroulait dans un grand hôtel de Séoul, a duré trois heure et demie. Lee Se-Dol, qui domine le jeu de go depuis plus de dix ans, a finalement dû s’incliner. Pour beaucoup d’observateurs, cette victoire dès la première manche a constitué une surprise. Certes, AlphaGo avait déjà battu, en octobre 2015, par 5 parties à zéro le meilleur joueur européen, Fan Hui, mais le niveau de compétition en Asie de ce jeu de plateau est incomparablement supérieur.
« J’ai été très surpris parce que je ne pensais pas que je pouvais perdre cette partie. Je n’imaginais pas qu’Alphago pourrait jouer cette partie de manière aussi parfaite », a déclaré le champion coréen à l’issue du match. Visiblement ému, Demis Hassabis, patron de Deepmind, ne cachait pas sa satisfaction : « Nous sommes très excités par ce moment historique, et très fier de cette victoire. Je tiens à rendre hommage à Lee Se-Dol pour cette magnifique partie ». « Voir un ordinateur jouer à ce niveau est quelque chose d’absolument incroyable », a déclaré en fin de partie l’un des commentateurs officiels, Chris Garlock, responsable du site American Go.
La rencontre, suivie sur place par des centaines de journalistes en majorité coréens, japonais et chinois, est la première d’une série de cinq qui se dérouleront jusqu’à mardi prochain. Le jeu de Go, inventé en Chine il y a plus de 2500 ans, est pratiqué par 40 millions de personnes dans le monde. Il est réputé pour sa complexité, bien supérieure à celle des échecs : « Le jeu de go est d’une élégance rare : les mouvements sont très simples, mais le jeu est d’une incroyable complexité. Il y a 10 puissance 170 positions possibles, soit davantage que le nombre d’atomes dans l’univers », expliquait Demis Hassabis, cofondateur de Deepmind, à la veille de la rencontre.
DIAPORAMA Jeu de go : le duel homme-machine
Racheté par Google en 2014
Alphago a été développé par la start-up britannique Deepmind, fondée en 2010 à Londres à l’initiative de Demis Hassabis, ancien développeur de jeux vidéos et chercheur en neurosciences. Financée au départ par le Founders Fund de Peter Thiel (cofondateur de Paypal) et par Elon Musk (patron de Tesla et SpaceX), l’entreprise réunit les deux passions d’Hassabis : le jeu et l’intelligence artificielle, plus précisément le « deep learning », basé sur des algorithmes permettant aux ordinateurs d’apprendre par eux-mêmes.
Deepmind avait notamment permis à des ordinateurs d’apprendre à jouer seuls à des jeux d’Arcade des années 1980, comme Space Invaders ou Breakout. En janvier 2014, Deepmind a été acheté par Google pour une somme estimée à 400 millions de livres (500 millions d’euros). Fin janvier, l’annonce de la victoire d’AlphaGo face à un champion européen avait fait la une de la revue scientifique « Nature ». Les informaticiens spécialistes du jeu de go et les joueurs professionnels estimaient jusque-là qu’une telle avancée ne serait pas possible avant une décennie. Le fait qu’Alphago ait continué à s’entraîner en jouant contre lui-même après le match du mois d’octobre a contribué à sa victoire face à Lee Se-Dol.