Si l’on exclut les personnes qui se sont déjà présentées à des élections ou ont gravité dans des ministères, les réels novices en politique de La République en marche ne sont que 34 %, selon cette enquête.

  • 251 des 525 candidats de La République en marche ne se sont jamais confrontés au suffrage universel.
  • On compte nombre d’anciens assistants ou membres de cabinets d’élus.
  • En fin de compte, seuls 178 sont de réels « novices » en politique.

La première élection jamais disputée par Emmanuel Macron n’était pas la moindre : la présidentielle, élection reine de la Ve République. Comme lui, 281 candidats de son mouvement La République en marche (LRM) rêvent de griller les étapes en étant élus députés sans jamais avoir occupé d’autres mandats électifs.

Une moitié de « politiques », une moitié de nouveaux visages : le chiffre brandi par LRM pour attester du renouvellement politique qu’il est censé porter a pu être vérifié par Le Monde, qui a passé au crible le passé des 525 candidats.

L’examen attentif de ces profils tend pourtant à nuancer quelque peu le constat, car tous ces néocandidats ne sont pas si novices en politique.

Pas toujours la première campagne

Si 281 candidats n’ont jamais eu de mandat, ils ne sont plus que 251 à ne s’être jamais confrontés au suffrage universel : selon notre décompte, qui est probablement sous-estimé, au moins 30 se sont présentés sans obtenir de mandat (ou élus comme suppléants) à des élections précédentes, et ne mènent donc pas leur première campagne électorale en 2017.

Une vingtaine de candidats ont déjà occupé des fonctions importantes au sein de différents partis politiques, principalement à gauche (9) et au centre (9). Ainsi Ludovic Mendes (2e, Moselle) a participé aux campagnes de Martine Aubry et François Hollande en 2011 et 2012, Jeanne Dromard (9e, Seine-Saint-Denis) a été salariée de LRM et Marie Guevenoux (9e, Essonne) a soutenu Alain Juppé en 2016 avant d’être salariée de la campagne de François Fillon.

Des profils proches du pouvoir politique

Les élections ne sont pas la seule manière de se confronter à l’univers de la politique. Emmanuel Macron lui-même en sait quelque chose, puisqu’il a gravité au plus près des sphères du pouvoir (cabinets, ministères, partis politiques, équipes de campagne…) alors même qu’il n’avait pas sollicité de mandat électif avant la présidentielle de 2017.

Plusieurs candidats présentent des profils assez proches de celui du président : le directeur de cabinet de M. Macron à Bercy, François Cormier-Boulet, est candidat dans le Cher ; Daniel Zielinski, chef de cabinet de Patrick Kanner, se présente dans le Nord ; des conseillers de François Patriat, Laurence Rossignol ou Marisol Touraine se lancent également dans des campagnes à leur tour. Au total, selon nos décomptes, au moins 14 candidats ont été collaborateurs d’un cabinet ministériel (dont 10 de gauche et 4 de droite) et 8 autres ont travaillé dans des ministères en dehors des cabinets.

On compte également 12 assistants parlementaires de députés ou sénateurs, dont 6 de gauche, 3 du centre et 2 de droite. Par ailleurs, une quinzaine de candidats ont travaillé auprès d’élus de collectivités territoriales (mairie, conseil départemental…).

Au total, au moins 70 des investis LRM, parmi ceux qui ne se sont jamais présentés à une élection (soit un candidat sur huit), ont occupé durant leur carrière des fonctions « parapolitiques » d’importance et ne seront donc probablement pas perdus dans les arcanes du pouvoir.

La politique est parfois une affaire de famille

Les liens avec la politique peuvent aussi être familiaux. Ainsi, Sophie Panonacle (8e, Gironde) a beau se présenter pour la première fois à des élections, elle n’est pas totalement étrangère à l’univers politique, puisqu’elle est la fille de Guy Dupiol, maire socialiste de Saint-Symphorien (Gironde, 1 829 habitants) depuis 1995. De même, Barbara Bessot Ballot (1re, Haute-Saône) est mariée à Vincent Ballot, maire de Marnay (Haute-Saône, 1 440 habitants) depuis 2001. Dans la 13e circonscription de Paris, Hugues Renson pourra lui aussi s’appuyer, s’il est élu, sur les conseils de sa mère, Céline Renson, qui est conseillère de Paris. Ces cas restent toutefois marginaux et parfois difficiles à repérer, en particulier lorsque les noms de famille diffèrent entre mari et femme ou entre parents et fille.

Un tiers de vrais novices

Si l’on considère qu’avoir participé à une campagne électorale, travailler dans un cabinet ministériel ou avoir un proche déjà élu constitue déjà une première porte d’entrée dans le monde politique, alors le nombre de réels « novices » en politique se réduit considérablement. Selon nos calculs, il ne reste plus que 178 personnes dans ce cas, soit 34 % de tous les candidats de La République en marche.

Enquête sur les candidats de La République en marche

Favori des élections législatives depuis la victoire d’Emmanuel Macron à la présidentielle, La République en marche (LRM) présente pour la première fois des candidats à un scrutin national. Âge, études, métiers, passé politique, profils sur les réseaux sociaux… Le Monde a épluché la liste des 525 candidats soutenus par ce nouveau mouvement pour en analyser la composition.

Voici les principaux volets de notre enquête :

Episode 1 : Qui sont les candidats de LRM ?

Episode 2 : Une « société civile » parfois en trompe-l’œil

Making-of : Comment « Le Monde » a enquêté sur les candidats de La République en marche

Enfin, toutes les données utilisées sont consultables ici.

Maxime Ferrer, Mathilde Damgé, Maxime Vaudano, Anne-Aël Durand, Adrien Sénécat, Laura Motet, Maxime Delrue, Eléa Pommiers, Pierre Breteau, Jérémie Baruch, Vincent Nouvet et Sophie Dupont

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