Aux Etats-Unis, les entreprises ne sont pas tenues d’accorder un congé parental payé, mais Facebook le fait. Si Mark Zuckerberg se l’accorde, il pourrait faire figure d’exemple.


La vie privée de l’homme qui nous encourage à partager la nôtre n’est pas très, très privée. Le 31 juillet dernier, Mark Zuckerberg  annonçait sur son profil  Facebook – évidemment – que lui et sa femme Priscilla Chan allaient bientôt être parents. Cette semaine, il en remettait une couche avec  une photo d’eux signée Annie Leibovitz.

Savez-vous quelle autre chose a fait la renommée de Mark Zuckerberg ? Le congé parental. C’est simple, Facebook est à la pointe des entreprises américaines quand il s’agit des conditions de travail des nouveaux parents, comme  le jugeait Business Insider en août.

Quatre mois sans Mark Zuckerberg ?

Selon la politique de sa propre entreprise, Mark Zuckerberg peut donc prendre, s’il le souhaite, 17 semaines de congé parental. Soit toutes d’un coup, soit réparties sur l’année de naissance de son enfant. Va-t-il le faire ? C’est ce que  se demande Kurt Wagner du site Re/code.

Pour la plupart des gens, cette question est strictement personnelle. « Mais Mark Zuckerberg n’est pas la plupart des gens », argue le journaliste, qui se demande « combien de temps le PDG d’une entreprise capitalisée près de 300 milliards de dollars peut-il s’absenter sans que cela n’ait un impact sur l’entreprise ? ».

En fait, Kurt Wagner répond très rapidement à sa propre question. Grâce à ses leaders comme Sheryl Sanderg (directrice des opérations) ou Chris Cox (chef de produit), Facebook a quelque part déjà prouvé qu’une absence « raisonnable » de Mark Zuckerberg ne serait pas « une menace sérieuse sur la santé de l’entreprise », juge-t-il.

Donner l’exemple

Au fond, l’enjeu est-il simplement la pérennité du réseau social ? Une fois cette problématique écartée, Mark Zuckerberg se retrouve avec une décision bien plus importante entre ses mains : créer un précédent, et surtout… Dans le monde de la tech.

Kurt Wagner se souvient, « la dernière fois qu’un congé parental dans la tech a vraiment fait parler, c’était en 2012 ». Cette année-là, la PDG de Yahoo Marissa Mayer ne s’était octroyé « que deux semaines » après la naissance de son fils… Ce qui avait  déclenché une salve de critiques.

En ne prenant pas son congé parental au complet, Marissa Mayer avait été accusée de « montrer le mauvais exemple » à ses confrères cadres, et surtout, à ses consoeurs. Et trois ans plus tard, Mark Zuckerberg ne semble pas exempt, lui non plus, de devoir “montrer l’exemple”.

Un enjeu national

Dans un pays où seuls 21% des entreprises offrent un congé parental payé selon la Society of Human Resource Management – ce qui est déjà un énorme bond comparé aux 12% de 2014 – les initiatives des entreprises se multiplient. Cet été,  Microsoft et Netflix ont fait la Une en multipliant le nombre de semaines allouées à leurs employés jeunes parents. Cette percée a relancé le débat outre-Atlantique. On ne compte plus  les articles qui répertorient les entreprises qui offrent les meilleurs congés parentaux, voire  les tribunes appelant l’Etat à légiférer.

Comme le rappelle cette vidéo du ministère du Travail, les Etats-Unis sont le seul pays développé à ne pas avoir de congés parentaux payés obligatoires. Pour enclencher la réflexion, il a même lancé une campagne sous le mot-dièse #LeadOnLeave,  qui fait écho au retard du pays.

C’est une véritable  révolution de l’équilibre famille-travail qui s’amorce aux Etats-Unis. Comme pour beaucoup d’innovations, l’impulsion vient de la Sillicon Valley. Et comme pour beaucoup d’innovations de la Sillicon Valley, elle pourrait venir de Mark Zuckerberg. C’est en tout cas  les espoirs qui sont placés en lui.

Marion Degeorges

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