L’économie numérique a longtemps été présentée comme un royaume de méritocratie. Une plongée dans l’« écosystème start-up » invite à nuancer ce mythe.

Dans un pays où les inégalités de naissance pèsent lourdement sur le destin des individus, l’économie numérique a longtemps été présentée comme un royaume de méritocratie. Une plongée dans l’« écosystème start-up » invite à nuancer fortement ce mythe du contemporain.

« J’ai l’impression qu’en France, il y a beaucoup plus d’aides qu’aux Etats-Unis, mais malgré ça, les fondateurs de start-ups viennent de milieux plutôt friqués. » Kourosh Davarpanah, 27 ans, vient lui-même d’une famille aisée. Il a grandi à Paris, rive gauche, est passé par l’École alsacienne –une école privée « très bobo »–, une prépa à Versailles, Polytechnique et une année à Columbia à New York. Il a cofondé l’année dernière sa troisième entreprise, Inato, spécialisée dans les études cliniques et « incubée » dans une des principales structures de l’écosystème start-ups parisien, The Family. Un profil qu’on croise fréquemment à la tête des start-ups de l’économie numérique et dans les cénacles où se réunissent ses membres (incubateurs, accélérateurs, meet-ups, salons et événements professionnels du secteur numérique).

« Depuis qu’internet et les start-ups sont sur le devant de la scène, je constate qu’énormément de boîtes qui se créent le sont par des hommes blancs qui ont fait HEC », admet de son côté Paulin Dementhon, lui-même issu d’un milieu qu’il décrit comme bourgeois sans être particulièrement riche, de parents cadre et entrepreneur. Ce diplômé d’HEC a fondé la plateforme de location de voitures entre particuliers Drivy, une des réussites françaises emblématiques du secteur.

Comme c’est souvent le cas en matière de numérique, le débat a déjà eu lieu aux Etats-Unis. En 2015, le magazine économique Quartz titrait: « Les entrepreneurs n’ont pas le gène du risque: ils viennent de familles riches ». Suivaient une série de compte-rendus d’articles universitaires et de témoignages à l’appui de cette affirmation.

Plus que l’aisance matérielle et financière, une certaine culture de la réussite, minoritaire en France mais transmise dans ces familles, est la première piste d’explication qui se dégage. C’est ce qu’avance Nicolas Colin, co-auteur d’un rapport remarqué en 2013 sur la fiscalité du numérique et cofondateur de The Family, accélérateur privé dont le portefeuille compte des start-ups fondées par « des super diplômés marginaux dans leur milieu, comme des polytechniciens qui plutôt que faire carrière dans une grande boîte se passionnent pour le code », autant que par « de purs autodidactes, souvent ingénieurs et développeurs »Le site de The Family proclame fièrement, « Anyone can become an entrepreneur » (« Tous le monde peut devenir entrepreneur »). Mais selon lui, les descendants de familles de chefs d’entreprises et de professions libérales seraient avantagés par « un rapport décomplexé à la réussite, à la compétition, à l’inverse des gens de classe moyenne, qui auront un peu honte en France d’assumer qu’ils vont gagner beaucoup d’argent ». 

Comme de nombreuses études l’ont démontré, l’argent achète aussi de la sécurité psychologique, dans la mesure où il libère le cerveau de l’urgence et des angoisses liées à un avenir incertain, un état mental nécessaire pour se concentrer sur des projets risqués.

Le diplôme de grande école, bac du start-upeur français

La présence visible des « héritiers » appartenant aux classes aisées dans l’entrepreneuriat numérique est aussi une conséquence mécanique du processus de sélection propre au secteur, qui passe par l’obtention d’un titre scolaire d’élite.

En janvier, Emmanuel Macron s’envolait vers Las Vegas pour le salon mondial de l’électronique grand public, le CES. 190 entreprises françaises avaient fait le déplacement, dont 22 labellisées « French Tech », l’AOC de l’innovation numérique lancé par le gouvernement fin 2013 pour promouvoir ses champions. Une étude commandée par la Conférence des Grandes écoles (CGE) sur le profil des fondateurs de cette délégation a révélé que 83% de ces start-ups avaient été fondées (ou cofondées) par un diplômé de grande école (passé par un cursus initial ou complémentaire), 16% par un diplômé de l’université (française ou étrangères) et… 1% par des autodidactes sans diplôme !

Au Numa, carrefour de l’innovation numérique parisien, qui accueille notamment un accélérateur privé de start-ups, une opération transparence fournit le même éclairage, cru, sur cette homogénéité de parcours: selon une étude réalisée par le cabinet Roland Berger et publiée en février sur les jeunes start-ups en phase de création, le porteur de projet-type est un homme (à 81%), jeune (25-34 ans dans 60% des cas) et issu d’une école de commerce ou d’ingénieur (23% pour chaque type de filière, soit près d’un sur deux).

Apanage de 3% d’une génération, le diplôme de grande école d’ingénieur ou de commerce est devenu la norme de l’entrepreneuriat numérique. Or, les enfants de cadres et professions intellectuelles supérieures constituent la moitié des effectifs des filières les plus sélectives (classes prépas), alors qu’ils représentent environ 15% de la population. La reproduction sociale par le sas de l’école n’est bien entendu pas automatique – tous les enfants des classes supérieures n’accéderont pas aux grandes écoles, et tous les diplômés de grandes écoles n’en sont pas issus – mais la probabilité de passer par une de ces institutions reste fortement liée à la situation économique et au diplôme des parents, la France étant par ailleurs, selon l’OCDE, le pays dans lequel l’environnement familial influence le plus la réussite scolaire.[1]

La start-up a supplanté McKinsey et Goldman Sachs dans l’imaginaire

Sortir d’une grande école française assure à l’ancien élève, après plusieurs années d’abnégation et de travail acharné, d’arriver sur le marché du travail avec une avance très confortable et jamais rattrapée par ses concurrents. « Dans ces grandes écoles, témoigne Kourosh Davarpanah, on t’explique que ta destinée c’est d’être tout en haut, même si on ne sait pas ce qu’est le haut. Les élèves ont toujours occupé les meilleurs postes et bénéficié des meilleures opportunités: or, on a l’impression qu’aujourd’hui les meilleures opportunités se font dans les start-ups. »

Le monde a changé et, d’incertain et marginal, le web est devenu en vingt ans la voie royale de réussite sociale. Loin d’être larguée, l’élite s’est adaptée à la nouvelle donne, a suivi et accompagné le mouvement avec un petit temps de retard. Paulin Dementhon remarque qu’« il y a encore six ou sept ans, aller bosser dans la tech était un choix particulier, aujourd’hui il y a des cohortes entières d’écoles qui s’y dirigent: ça devient la voie standard ».

L’évolution des mentalités se lit dans les choix des anciens élèves des grandes écoles, confirme Kourosh Davarpanah : « Jusque dans les années 1990, leur rêve c’était d’intégrer un grande corps d’Etat, d’entrer dans une grosse boîte et de monter les échelons jusqu’à devenir PDG. Puis l’eldorado a été de devenir trader. Aujourd’hui, c’est de monter sa boîte »« L’entrepreneuriat est devenu hype », reconnaît Nicolas Colin : la perspective de réussite financière, alliée à l’aura du monde des start-ups, attire les enfants de la bourgeoisie. « Ils vont là où il y a du prestige, analyse Colin, et c’est plutôt une bonne nouvelle pour le secteur ».

Ce prestige et l’argent des « VC » (pour « venture capital », capital risque, les fonds d’investissement qui financent les start-ups du secteur numérique), lancés dans leur quête désormais obsessionnelle de «licornes» et autres Uber à la française, attire de plus en plus des jeunes candidats qui viennent des couches aisées mais sont bien moins calibrés que leurs aînés pour le parcours incertain et semé d’embûche de la création d’entreprise. « Dans mon microcosme parisien, l’épidémie s’est propagée aussi vite que celle des Stan Smith », écrit avec humour Mylène Aboukrat, start-uppeuse, dans un article qui passe en revue toutes les fausses promesses qui entretiennent l’illusion de l’entrepreneuriat facile, intitulé : « Si à 40 ans t’as pas lancé ta start-up, t’as raté ta vie… » Une voie qui a « tellement plus la classe que de s’abaisser à “prostituer” son génie créatif à des grandes entreprises pour un salaire indigne. »

Nicolas Vanbremeersch, alias Versacfondateur de l’agence de communication digitale Spintank, dont les locaux situés près de la place de la Bastille à Paris hébergent également un espace de coworking, a fait partie des pionniers du web 2.0. Pour cet entrepreneur, lui même issu d’une famille de la bourgeoisie lyonnaise, on peut distinguer trois périodes de l’histoire de l’entrepreneuriat web français. Celle des pionniers, milieu composé d’outsiders venus des classes moyennes. Puis le premier exode des profils d’insider (grandes écoles, origine familiale aisée) vers le numérique, engouement de courte durée qui se clôt par l’explosion de la bulle internet du tout début des années 2000. Après ce reflux, les héritiers reviennent en nombre fin 2000 début 2010 selon une courbe de progression continue dont on vivrait aujourd’hui le pic. « Les incubateurs et les accélérateurs ont servi de structures d’accompagnement, d’apprentissage et même de marques, et ils rassurent les membres de l’élite », note Nicolas Vanbremeersch, qui remarque que le profil BCBG est particulièrement représenté dans les structures d’accueil des start-ups parisiennes. De quoi craindre la constitution d’une « noblesse digitale », après un bref épisode durant lequel la « frontière électronique » s’est présentée aux pionniers comme un territoire de redistribution des cartes ?

Réseaux : le monde du numérique est-il si plat ?

L’étude du NUMA comporte un chiffre très intéressant : un fondateur sur deux parmi les 375 interrogés a rencontré son associé dans son entourage social proche, parmi ses amis ou ses camarades d’école, ce qui peut expliquer l’endogamie propre aux espaces dédiés à ces entreprises.

François Raynaud de Fitte (Sciences Po Paris, HEC Entrepreneurs) a cofondé le service de livraison de plats cuisinés PopChef avec deux associés, l’un d’école de commerce, l’autre ayant suivi des études d’informatique. L’entreprise investit le secteur aussi récent que concurrentiel en France de la « foodtech ». Ayant toujours eu envie de monter sa boîte, le jeune entrepreneur juge que la fréquentation d’un cercle social aisé peut être paradoxalement un frein pour se lancer : « On t’encourage plutôt à aller dans les cabinets de conseil, les banques d’affaires, pour le salaire et le confort de vie. Beaucoup de potes vont accepter ces jobs et tu vas te trouver en décalage en renonçant à ces privilèges. »

Mais être bien entouré et suivre la voie des grandes écoles permet de creuser l’écart, reconnaît-il : « La première inégalité, c’est le réseau que tu peux avoir, qui compte pour beaucoup dans la réussite de ta boîte. Soit tu vas à tous les meet-ups pour l’obtenir, soit tu as intérêt à l’avoir déjà ». Son entreprise a bénéficié d’une incubation à Sciences Po puis à HEC, étapes cruciales pour constituer un réseau composé d’anciens élèves qui gravitent autour des structures. « Mon premier investisseur était un prof d’HEC », témoigne le jeune entrepreneur. Il a auparavant travaillé chez un « VC » : « On s’est rendu compte que la plupart des rendez-vous acceptés étaient obtenus par des recommandations, les formulaires de contact du site n’obtenant jamais de réponses. Les VC n’ont pas le temps de rencontrer tout le monde, et le réseau offre une porte d’entrée: ça n’aura certes aucun impact sur la sélection finale, mais c’est indispensable pour avoir un premier contact. »

« Un des déterminants du succès, c’est de plaire à un milieu, celui des investisseurs, et c’est de ça que dépend la possibilité de lever des millions », poursuit Nicolas Vanbremeersch. Et ce qui compte pour y parvenir, c’est de savoir « pitcher » son projet : le « pitch » est un format de présentation oral court et dynamique à destination d’investisseurs potentiels. Une sorte de grand oral, donc, soit exactement le type d’épreuve dont raffolent les grandes écoles françaises. « Ce qu’on apprend maintenant dans les écoles de commerce, ce sont des “social skills”, et ça, ça dépasse les compétences d’un pirate ou d’un bidouilleur », résume Vanbremeersch. Cet équilibre entre une filière riche en autodidactes, celle de l’informatique, et celle des affaires et du marketing, plus aristocratique dans son recrutement, serait en train de basculer en faveur des derniers : l’étude menée sur les entrepreneurs du Numa témoigne de cette évolution, la part de sortants de filières commerciale et marketing augmentant au détriment des profils de purs « geeks ».

A la tête du fonds d’investissement ISAI spécialisé dans les activités numériques, après avoir fondé le site de e-commerce PriceMinister, Pierre Kosciusko-Morizet estime qu’il y a bien « un effet formation » parmis les start-upeurs qu’il rencontre, les postulants sortant souvent d’écoles prestigieuses, mais que le CV ne joue pas forcément un rôle central : « Honnêtement, quand je vois un entrepreneur, je ne me pose pas la question des études qu’il a faites. Rencontrer des gens est devenu facile, et les gens qui en veulent arrivent à faire leur trou. »

Une thèse à laquelle ne croit pas non plus Paulin Dementhon, fondateur et dirigeant de Drivy : « Il y a toute une littérature qui s’est développée à propos de la bonne manière de pitcher auprès des investisseurs, mais toute cette fascination pour la levée de fonds, c’est un peu du flan. Le but n’est pas d’apprendre à réseauter mais d’avoir un projet qui cartonne : le métiers des investisseurs, c’est de trouver les boîtes qui fonctionnent, et pas l’inverse. Moi je n’avais aucun contact dans ce milieu, ni aucune idée de qui faisait quoi. »

Quand de jeunes prétendants au statut de future licorne viennent lui demander conseil pour approcher des investisseurs, le fondateur de Drivy leur répond qu’ils feraient mieux de se concentrer sur leur produit…

Malaise dans la méritocratie numérique

La nouvelle économie a fait l’objet de discours utopiques qui l’ont présentée comme un territoire vierge des pesanteurs sociales, sur lequel les règles du vieux monde ne s’appliquaient plus. Avec un ordinateur personnel, des idées et une bonne dose de labeur, chacun pourrait se hisser au sommet de la pyramide sociale. La société française est certes connue pour la rigidité de son système social pyramidal, mais « la création d’entreprise joue plutôt un rôle d’ouverture », assure PKM. Est-ce pour cette raison que les élus de gauche comme de droite déclarent régulièrement leur amour pour le secteur ? Dans un article consacré au mythe de l’entrepreneur paru dans le magazine Socialter, Arthur de Grave, membre du think tank OuiShare, écrit qu’« alors que l’éducation ne parvient plus à jouer son rôle d’ascenseur social et que les inégalités patrimoniales héritées retrouvent des niveaux inégalés depuis un siècle, l’entrepreneur self-made-man nous donne au contraire à voir le spectacle plaisant d’une richesse méritée. » Plaisant, mais réaliste ?

« L’élite économique et intellectuelle a toujours su saisir les mutations en cours, c’est normal qu’on les retrouvent ici », juge Nicolas Vanbremeersch, citant à titre de comparaison la présence massive de l’aristocratie et de la bourgeoisie française… dans les médias.

Depuis quelques années, la question de l’homogénéité de la tech s’est installée sur les scènes des meet-ups, mais plutôt sous les prismes des ratios hommes/femmes ou français/étrangers : Roxanne Varza, directrice de la future Halle Freyssinet, projet d’accélérateur géant de start-ups imaginé par Xavier Niel, est aussi à l’initiative du réseau « Girls in Tech ». On trouve selon elle « de plus en plus de femmes dans le numérique ». Un classement a d’ailleurs placé en 2015 Paris en première place des villes européennes pour la proportion de femmes entrepreneurs, et les initiatives fourmillent en la matière. Les étrangers sont également encouragés à venir diversifier un microcosme jugé trop franco-français, ce qui à terme menace jusqu’à sa vitalité, comme l’a écrit récemment Axelle Tessandier, fondatrice d’AXL Agency, dans Les Echos. Mais ces campagnes de diversité iront-elles jusqu’à remettre en cause la sélectivité sociale de l’écosystème ? « Il n’y a presque pas de start-up montée par quelqu’un qui n’aurait aucun moyen et pas de diplôme », reconnaît Roxanne Varza.

Très attachés à la notion de mérite individuel, les acteurs de « l’écosystème start-up » ont développé comme leurs homologues américains une vision du monde aristocratique, dans son véritable sens étymologique de réussite des meilleurs. « S’il y a un biais de sélection, c’est plutôt parce que les grandes écoles sélectionnent des gens travailleurs, intelligents et ambitieux, qui sont aussi ceux qui créent des boîtes », confirme Pierre Kosciusko-Morizet. Et le fait qu’un profil de start-upeurs particulièrement bien armé pour réussir se dégage ne doit pas faire oublier que l’échec est le lot de la majorité des projets, et que s’engager dans la création de start-up exige des qualités personnelles et un tempérament persévérant. Certaines études sur le profil psychologique des entrepreneurs nous en apprennent ainsi au moins autant que celles qui se concentrent sur leur background sociodémographique. « Créer une boîte et réussir dans le milieu de la tech demande une énorme ambition et une énorme ténacité, et ça n’est pas étonnant qu’il y ait une corrélation entre les gens qui sortent des meilleures écoles et ceux qui réussissent dans ce secteur », remarque Paulin Dementhon.

Si certains reconnaissent que le vivier de recrutement de l’écosystème se rétrécit, aucun des « grands frères » du numérique français ne plaide évidemment pour une mise à sac de l’élitisme à la française : plutôt une démocratisation de ses voies d’accès. « La question,insiste Paulin Dementhon, c’est de savoir qui bénéficie de ces formations prestigieuses », précisant :

« Je pense qu’il y a plusieurs sujets : comment des gens qui n’ont pas fait HEC peuvent créer leur boîte, et comment on fait pour que les gens qui font HEC ne soient pas seulement des enfants de diplômés de l’école. »

Un équilibre serait à trouver entre concentration du capital social dans certains lieux et ouverture du carnet d’adresses à des profils divers. « Il faut distinguer les lieux où il n’y a que des gosses de riches de ceux où il y a d’autres gens, nuance Nicolas Colin. Quand je suis entré à l’ENA, je me suis félicité que des héritiers y soient : ces endroits de reproduction sociale sont aussi des lieux qui redistribuent les opportunités sociales pour les outsiders. » 

Des écoles comme 42 ou Simplon.co ont d’ailleurs basé leur philosophie sur l’ouverture des compétences techniques (développement informatique) à des profils éloignés des cohortes de surdiplômés. Les structures d’accompagnement, qui se sont multipliées, affirment leur ouvrir non seulement l’accès aux financements, mais aussi à la culture et au réseau. « Je crois au fait que cette économie peut être une solution de sortie de crise, affirme François Raynaud de Fitte: mais pas si monter sa boîte est seulement réservé à une élite. »

[1] — En 2005, selon la Conférence des Grandes écoles (CGE), les enfants de cadres supérieurs et professions intellectuelles représentaient 60% des élèves des grandes écoles d’ingénieur et 68% des élèves des grandes écoles de commerce. La situation a depuis évolué. La Conférence des Grandes écoles a publié par ailleurs en 2015 la deuxième édition de son « Baromètre de l’ouverture sociale » : selon ses résultats, 53% des Grandes écoles comptent plus de 30% de boursiers, en progression « significative » depuis 2010, date du premier baromètre. Les « admissions parallèles » aux Grandes écoles, autres que l’admission post-bacs et les classes prépas, représentent désormais 40% des effectifs. Nous n’avons malheureusement pas pu obtenir de chiffres détaillés par école.

Jean-Laurent Cassely

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